Un projet d’autoconsommation collective à Hasparren

3 février 2024

par Flora Etienne

 Afin d’accélérer la transition énergétique, la coopérative Ekindar lance un projet de production d’électricité collectif. L’enjeu étant de produire localement une électricité verte vendue à un prix juste. 

L’école maternelle Jean-Verdun d’Hasparren accueillera les premières installations photovoltaïques.

À Hasparren, un projet d’autoconsommation collective s’apprête à voir le jour. Dans une démarche de réduction de la consommation d’énergies responsables de l’émission de gaz à effet de serre, une production locale d’électricité verte et sa revente dans le cadre d’une communauté d’énergie seront les principaux enjeux d’Ekindar. En résumé, l’autoconsommation collective repose sur le principe de la répartition d’une production énergétique entre un ou plusieurs consommateurs physiquement proches. À la fin de l’année 2022, il existait 33 projets de ce type dans l’Hexagone. Si ces initiatives émergent de plus en plus, celle en voie de se mettre en place au Pays Basque sera la première à mêler des acteurs privés et publics.

À l’origine de ce projet, se trouve Izpindar, un collectif citoyen créé il y a deux ans et demi avec l’ambition d’accélérer la transition énergétique et baisser localement les émissions de dioxyde de carbone. Dans le périmètre d’Hasparren, l’association est à l’initiative d’une quarantaine d’installations individuelles. “Nous rassemblons les personnes qui souhaitent faire de l’autoconsommation individuelle, nous choisissons un installateur, le matériel, et nous nous occupons de la mise en place. Nous sommes des guides en quelque sorte”, synthétise Daniel Hegoburu, membre de l’association. L’idée de transposer ce projet à l’échelle supérieure est apparue lors d’une formation sur les différents modèles d’autoconsommation avec le gestionnaire du réseau de distribution Enedis et la coopérative Enercoop Nouvelle-Aquitaine. Les adhérents de l’association se retrouvent dans l’état d’esprit de la forme communautaire. Avec l’aide financière de la région Nouvelle-Aquitaine, la réalisation d’une étude de faisabilité a donc été menée à bien afin de déterminer les puissances à installer et de modéliser économiquement le projet.
Soutenu par la ville d’Hasparren, la Communauté d’agglomération Pays Basque (CAPB) et le conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, Ekindar se monte en décembre 2023 sous la forme d’une société coopérative d’intérêt collectif (Scic). La maire d’Hasparren, Isabelle Pargade, porte rapidement un regard très favorable sur cette initiative. “Nous avons été les premiers à nous engager, je suis contente que l’on ait un collectif citoyen qui se forme sur ces sujets-là et qui soit dans le concret. C’est un projet très innovant, donc nous sommes impliqués pour le voir aboutir.”
Une dérogation pour mettre en place ce projet d’autoconsommation collective sur un périmètre de 20 kilomètres permet à onze communes du pôle d’Hasparren de se joindre également au projet. Symbole de la solidarité dans lequel ce système s’inscrit, La Bastide-Clairence, bien qu’étant dans l’impossibilité de disposer des panneaux solaires sur les toits de ses bâtiments en raison de son label Plus beau village de France, est également sociétaire. “La Région s’est engagée à apporter un euro pour un euro investi par un citoyen, jusqu’à hauteur de 50000 euros. L’objectif dans les prochains mois est donc d’avoir le maximum de citoyens qui donnent entre 20 et 260 euros. Pour le moment, Ekindar totalise plus de 20000 euros d’investissements citoyens”, explique Daniel Hegoburu.

Local, renouvelable, durable

N’ayant pas trouvé de zones dégradées pour installer des parcs au sol, les moyens de production photovoltaïque se trouveront essentiellement sur les toitures. Les grottes d’Oxocelhaya, Maisons Hirigoyen, la clinique vétérinaire et l’école maternelle Jean-Verdun devraient accueillir les premières installations. “Au sein d’une coopérative, les sociétaires peuvent ne pas avoir les mêmes envies, mais vont venir investir parce que c’est un projet collectif”, rappelle Mikel Hegoburu, chargé d’études photovoltaïques et membre d’Ekindar. Trois rôles, pouvant se cumuler, permettent de participer. Les producteurs, qui transforment l’énergie primaire en électricité grâce à des centrales d’énergie photovoltaïque ont le choix entre l’autoconsommer, puis partager leur production avec d’autres consommateurs, ou bien l’injecter directement sur le réseau pour partager l’intégralité de leur production. Les consommateurs bénéficient, eux, de la production locale d’électricité dans le but de la consommer collectivement. Les financeurs prennent des parts sociales et, éventuellement, prêtent de l’argent à la coopérative.

En tant que personne morale organisatrice (PMO), Ekindar a pour sa part à charge la gestion des entrées et sorties des participants, de la répartition de l’électricité entre les consommateurs, des facturations et des échanges avec le gestionnaire du réseau (Enedis). Le surplus de production sera a priori revendu à des écoles et des collectivités qui participeront au projet, ou bien à des consommateurs en situation de précarité énergétique. Mise sur pied dans un but ni lucratif, ni spéculatif, au moins 67% des bénéfices seront réinvestis dans la coopérative.

Entre 12 et 15 centimes

Pour que le modèle fonctionne, le prix de l’électricité se situera entre 12 et 15 centimes pour le consommateur. L’énergie étant de source photovoltaïque, le prix sera fixé pour la durée de vie d’un panneau, estimée à une vingtaine d’années. Autrement dit, elle sera vendue moins cher que par les fournisseurs habituels.

D’après Daniel Hegoburu, à partir du moment où le modèle est à l’équilibre, tout le monde est gagnant, le producteur comme le consommateur. “C’est une maîtrise par les citoyens à la fois d’un outil de production d’énergie renouvelable, qui plus est local, puisque les consommateurs et les producteurs sont sur un même territoire, et des prix. En somme, c’est un projet très démocratique et qui incite à réfléchir sa consommation.” Les premiers kilowattheures devraient être vendus d’ici la fin de l’année 2024.